Les 19 ans de Christophe Fargier
Tout le monde a eu 19 ans un jour. L’âge de tous les possibles où les projets sont fous et les rêves immenses. Et surtout la fête est un art ! On apprend à connaître ses limites et on se créé des souvenirs qui nous feront toujours rire dans 10 ans… (ou pas). Pour fêter le 19e anniversaire du Ninkasi (du 12 au 18 septembre 2016), Christophe Fargier, Monsieur le Directeur du groupe, revient sur cet âge et nous livre quelques indiscrétions aussi bien sur ses frasques que sur celles dans l’enceinte des Ninkasi… Sortez les pop-corn, vous n’avez jamais lu ça avant !
– Ninkasi fête ses 19 ans en septembre, et si vous nous racontiez quel type de jeune homme vous étiez à cet âge ?
J’ai eu 19 ans le 05 octobre 1988. A l’époque je passais mon temps dans ce qu’on appelait « La Maison du Bonheur », une maison familiale en Ardèche où l’on se retrouvait entre amis et en famille. On commençait le week-end à 5 potes et 1h plus tard, on était 30 dans le jardin. Les journées étaient rythmées par des jeux plus intelligents les uns que les autres : beer pong, caps etc. Les fins de soirées étaient toujours très joyeuses ! Je n’étais pas un adepte des bars et des boîtes de nuit, mon budget ne me permettait pas de faire des folies. Je me souviens de mon réveillon Aux Arcs où nous avons fait la fête dans le hall d’une résidence passant de studios en studios avec nos bouteilles, principalement du Gin. La bière est venue un peu plus tard, avec la sagesse des années. J’étais loin d’être le premier couché… Durant cette année, je suis parti aux Etats-Unis après l’abandon de ma Prépa HEC. J’ai alors travaillé dans un lycée comme homme à tout faire : jardinage, accompagnement des enfants etc. J’ai pu perfectionner mon anglais et surtout rencontrer Kurt Huffman, mon binôme lors de la création du concept Ninkasi. N’ayant pas l’âge légal pour sortir et boire, je fréquentais principalement les soirée de Reed College où Kurt étudiait. J’ai pu alors découvrir une ambiance un brin mai 68 et passer des soirées surréalistes… Notamment, des orchestres de musiques jouant nus et couverts de peintures fluorescentes dans le parc du campus ! Après quelques mois, je suis revenu en France avec Kurt et j’ai commencé l’ESC St-Etienne.
– Parlons musique maintenant, un des piliers du Ninkasi. Qu’est-ce qui vous faisait vibrer à 19 ans ?
J’étais un grand fan de Ska avec une bonne influence paternelle : Elvis Presley, The Moody Blues etc. A l’époque, la programmation musicale de St-Etienne était assez underground et je n’avais pas tellement le droit d’aller à des concerts, mes parents étaient plutôt réticents. Etant l’aîné de 7 enfants, j’ai eu le droit à des règles plus strictes. Mais je me suis rattrapé au fil des années !
– Justement, le brassage musical est une valeur propre au Ninkasi !
Pour moi la diversité est une richesse, il faut être curieux, ne pas s’enfermer. Parfois ça prend du temps de s’ouvrir à une musique et de partager l’émotion.
Cela me rappelle un artiste canadien qui avait joué chez nous, Hawksey Workman. Au début il y avait 5 personnes devant la scène et à la fin du concert, l’ensemble du Ninkasi Gerland était debout à l’écouter. Même les clients de la mezzanine étaient descendus ! La musique peut créer du lien social et de la communion. Encore une anecdote avec le chanteur Patrick Watson au Kao. Il s’est mis à chanter à cappella au milieu du public, on pouvait sentir les frissons du public. Les gens en parlaient encore dans le métro du retour. Tout ça pour dire que la musique est une découverte perpétuelle où il faut faire tomber les frontières comme le fait si bien Damon Albarn, le chanteur de Blur.
– Les gens adorent les anecdotes ! Vous en avez d’autres ?
Muse, Matthieu Chedid, Wax Taylor j’en ai plusieurs en tête. La petite histoire qui me vient en tête est celle avec Muse. A l’époque, en 2000, mon frère Julien travaillait à la Fabrique de bières à Gerland et il avait un petit labrador qui était tout le temps dans les parages. Matthew Bellamy avait tellement sympathisé avec ce chiot qu’il lui a dédié une chanson pendant le concert. Une vraie fierté pour mon frère ! Un an après, après avoir joué à la Halle Tony Garnier, Muse est revenu boire des bières chez nous. Ils ne nous avaient pas oublié. Dans un autre registre, la chanteuse canadienne Merrill Nisker du groupe Peaches faisait une performance sur scène avec des sextoys mais au-delà du côté artistique, elle a failli kidnapper un jeune technicien qui faisait ses débuts dans le spectacle en le retenant enfermé dans son tour-bus. Nous avons réussi à le libérer…
Merrill Nisker, chanteuse du groupe Peaches
– Plusieurs années après, cette variété est toujours présente. Le vendredi 16 septembre, la soirée Ninkasi meets Embrace va battre son plein au Ninkasi Gerland pour l’anniversaire ! Si je vous dis « voguing » et que je vous parle de « Culture Queer », vous me dites ?
Je ne connaissais pas le voguing avant que vous m’en parliez. En revanche, j’avais déjà pu voir des photos traitant de ce mouvement. Je trouve ça intéressant comme toutes les formes artistiques. Pour la culture Queer, j’ai pu voir un film australien qui m’a marqué : Priscilla, folle du désert. Cette culture véhicule un message de tolérance et de diversité. Et pour eux, la fête est un art ! Il faut savoir s’aimer dans son corps et être libre.
– En parlant d’aisance dans son corps, savez-vous danser la salsa ? LE rendez-vous incontournable du lundi au Ninkasi Gerland !
Alors la salsa pas du tout ! Je n’ai jamais été un très grand danseur. Mais de temps en temps, ma compagne me vole un rock. Avec les années et le poids des responsabilités, on se lâche moins. Se mettre nu dans une cuve de bières pour fêter notre première médaille est une époque lointaine ! Je suis plus du genre à bouger la tête à un concert qu’à danser jusqu’au bout de la nuit.
– Assez parlé de musique, quand on va au Ninkasi, on peut aussi manger un burger. Cela a toujours été le cas ?
Pas vraiment ! Au tout début nous faisions des pizzas et surtout nous avions un immense barbecue à l’américaine type grande armoire. Au menu, cuisses de dindes, ribs etc. Kurt avait même pris des cours de barbecue, il savait préparer les rubs (mélange sec d’épices qu’on applique sur la viande) comme personne ! Au fil du temps, cela devenait trop compliqué avec l’affluence qui augmentait, nous avons dû arrêter et puis ce n’était pas très pratique avouons-le. Côté burger, un jour des amis m’ont amené à Chamonix en me vendant le meilleur burger. Le pain était industriel et la viande de piètre qualité mais la sauce exceptionnel. Comme on dit « The sauce is the boss ! »
– Ninkasi est né avec la bière alors parlons-en ! Quelle est votre bière préférée ? Une recette osée/ratée à nous avouer ?
Chaque bière a son moment, quand il fait chaud je suis plutôt blonde et blanche. Pour un dimanche en famille, il peut m’arriver de remplacer le champagne de l’apéritif par une Grand Cru #001 ou #002. Pour la recette ratée, j’ai une image qui me vient en tête. Le 31 octobre 1997 soit le premier Halloween du Ninkasi, nous avions décidé de faire une bière à la courge. Elle s’est coincée dans les tuyaux de la cuve et il a fallu aller la décoincer nous-même, en maillot de bain. Nous nous sommes rendu compte après que cet ingrédient n’apportait rien au goût en plus… Un échec !
– Nous avons déjà évoqué pas mal de sujets… Cela sent le mot de la fin. Pour les 20 ans, avez-vous un rêve un peu fou ?
Je voudrais que le nouveau Ninkasi Gerland soit un succès et que nous continuons à rayonner durant les 20 prochaines années. Et puis aussi, que nous hissions nos whiskys parmi les meilleurs de la planète.